Pour les ménages précaires encore plus que pour les autres, accéder à la rénovation énergétique peut sembler impossible. Lorsqu'on vit en effet des difficultés au quotidien, il est souvent très compliqué de dégager du temps, de l'attention ou encore des moyens financiers pour se lancer dans des travaux. Pourtant, la rénovation peut être une solution à certains problèmes et contribuer à offrir un meilleur confort de vie !
Pour lever les freins qui empêchent les propriétaires les plus précarisés de rénover leur logement, le projet OSER mise sur une approche originale qui mêle à la fois ateliers collectifs et accompagnement individuel. Ce parcours baptisé « Reno WaTT'chers » débutera en octobre prochain pour une douzaine de ménages précaires des communes de Dinant, Houyet, Anhée, Yvoir, Onhaye et Hastière. « Rassembler les gens nous semblait la meilleure façon d'activer un sentiment d'appartenance à un groupe, de créer de la confiance et de faire émerger des solutions », explique Vanessa Dirix, chargée de projet OSER au sein de l'ASBL Objectif 2050. « L'ASBL Empreintes avec qui nous collaborons organise déjà des ateliers collectifs « Eco Watchers » qui permettent aux personnes en situation de précarité de mieux maitriser l'énergie dans leur logement, et nous allons compléter cette base avec un volet qui abordera qu'est-ce que rénover son habitat, quel en est le sens et les objectifs, etc. »
Cette partie collective de l'accompagnement s'étend sur une durée de dix mois, à raison d'un atelier par mois. Les séances sont basées sur une approche ludique, pratique et participative afin de permettre à chacun de se familiariser avec les aspects de l'énergie et de la rénovation. Comme chaque logement et ménage est spécifique, Reno WaTT'chers prévoit que les participants aux ateliers bénéficient en parallèle d'un accompagnement individuel dans leur processus de rénovation. Celui-ci sera assuré par la Plateforme Locale de Rénovation Energétique (PLRE) Corenove, qui apportera un soutien à la fois technico-administratif et psychosocial. « C'est cette dimension humaine qui change tout », souligne Matthieu Gaillet, chargé de projet OSER chez Objectif 2050. « Souvent, les ménages les plus précarisés n'osent pas se lancer dans des rénovations car ils ont peur de se tromper ou de se faire abuser, donc il faut du temps et du dialogue pour lever ces craintes. »
« Rendre le logement plus décent et faire diminuer les factures énergétiques »
L'accompagnement individuel proposé dans le cadre d'OSER passe par davantage de présence physique, et une aide possible à chaque étape du processus de rénovation : le diagnostic technique de l'habitat et des consommations du ménage, l'analyse des travaux prioritaires à mettre en œuvre, la mise en contact avec la grappe d'entreprises partenaires si besoin, la comparaison des devis, l'aide administrative pour introduire les demandes de primes, la médiation en cas de problèmes durant les travaux, etc. « Nous intervenons dès que les candidats à la rénovation en ont besoin, mais ils restent bien sûr maitres de leurs choix à tout moment. On ne force personne à se lancer dans des travaux », précise Matthieu Gaillet.
Ce volet individuel a déjà été testé sur le terrain et fonctionne puisque, depuis son lancement 2024, 200 ménages à faibles revenus* ont été accompagnés ou sont en cours de suivi, et la moitié a effectué ou prévu des travaux. En y ajoutant la dimension des ateliers collectifs Reno WaTTchers, l'équipe d'OSER espère toucher des publics encore plus précarisés, qui sont par définition plus difficiles à atteindre et convaincre. « Ces personnes peuvent penser que la rénovation énergétique n'est pas pour eux, d'où cette approche adaptée », souligne Matthieu Gaillet. Et Vanessa Dirix d'ajouter : « Il existe des gestes et travaux peu coûteux qui peuvent vraiment améliorer le confort des habitants, rendre le logement plus décent et faire diminuer les factures énergétiques. C'est ce que nous voulons mettre en avant. »
Infos & inscription : 081 67 05 20 / renowattchers
objectif2050.org
* Le projet OSER a décidé de s'adresser spécifiquement aux catégories de revenus R1 et R2 définies par la Wallonie dans le cadre de l'octroi des primes à la rénovation, à savoir les ménages dont le revenu annuel de référence ne dépasse pas les 38.300 euros