Bilan énergétique global 2022

09/05/2025

Le parc de production électrique en Wallonie continue sa diversification

Par rapport à l'année 2021, les faits marquants sont les suivants :

  • progression de plus de 10% du nombre des installations de production: essentiellement pour le solaire photovoltaïque, l'éolien et la cogénération à partir de biomasse;

  • progression d'un peu moins de 2% des puissances électriques avec un parc qui atteint plus de 9 600 MW ;

  • diminution de plus de 12% de la production électrique: baisse de 22% du nucléaire et de 36% de l'hydraulique ;

  • diminution de plus de 14% de l'énergie primaire utilisée pour produire de l'électricité: essentiellement liée à la baisse du nucléaire ;

  • apparues en 2021, les parcs de batteries de stockage électrique raccordées au réseau progressent fortement, ainsi que la production du pompage-turbinage.

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La puissance nette développable des centrales électriques wallonnes est de 9 641 MW. Le nucléaire représente toujours la plus grosse puissance développée nette en Wallonie, avec une part de 32% (3 008 MW). Les Turbines Gaz-Vapeur (TGV) suivent avec un pourcentage de 17% (1 641 MW) du total et les centrales de pompage occupent la quatrième place avec 13% (1307 MW) de la puissance. Leurs parts respectives sont en léger recul avec la montée des puissances d'autres type d'installations.


La production électrique est en recul

Les productions électriques ont régressé de 12% par rapport à l'année précédente à cause principalement de la nouvelle baisse de la production nucléaire (-22%) et de la baisse de 6% de la cogénération et de 36% de l'hydraulique.

Ceci n'a pas été compensé totalement par les croissances de production liée au gaz naturel (+6%), à l'éolien (+6%) et au solaire PV (+16%).

La production électrique nette à partir du nucléaire représente 58% du total, contre 66% l'année précédente. La production à partir du gaz naturel progresse avec 20% du total (contre 17%, cogénération incluse) et l'ensemble des sources renouvelables d'énergie pèse 16% (contre 14%). L'éolien atteint à lui seul 7% de la production nette. La cogénération (fossile et SER) produit pour sa part 7% de l'électricité nette en Wallonie.

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Avec une production cumulée de 33,3 TWh délivrée au réseau, nettement au-dessus de sa consommation électrique, la Wallonie reste exportatrice d'électricité.


 La cogénération à partir de biomasse gazeuse se développe

La cogénération permet de produire concomitamment de l'électricité et de la chaleur. Lorsque la chaleur est autoconsommée par le producteur, ce sont les énergies primaires qui ont servi à faire cette chaleur qui sont reprises dans le bilan de consommation finale du secteur d'activité. Par contre s'il s'agit d'un producteur public (dont c'est le métier de produire de l'énergie) ou que la chaleur est revendue à un tiers par l'autoproducteur, c'est cette chaleur qui est reprise en consommation finale du secteur où elle est consommée et l'énergie primaire utilisée pour la produire se retrouve dans le bilan de transformation.

La puissance électrique totale installée et active en Wallonie est de 454 MWe en augmentation de 6 MWe depuis 2021. Les puissances électriques des turbines, grosses unités installées en industrie, restent stables par rapport à l'année précédente (316 MW), mais la tendance historique est à la baisse (-65 MW/2010).

Les moteurs, constitués d'unités de plus petite puissance, progressent à 137 MW, avec + 38 MW depuis 2010.

Les énergies primaires utilisées en cogénération sont essentiellement du renouvelable (biomasse) pour 55% et du gaz naturel pour 41%. On note une croissance des cogénérations qui valorisent le biogaz aussi bien dans le milieu de l'agroalimentaire que dans le secteur agricole.

Selon les critères de la Directive renouvelable, la cogénération wallonne est considérée de qualité à 85%.


Le secteur domestique reste le premier consommateur de Wallonie

Le secteur "domestique et équivalents", est constitué des secteurs résidentiel (le logement), tertiaire (services) et de l'agriculture. Il consomme 42,5 TWh en 2022 soit 35,2% de la consommation finale totale de la Wallonie, hors usages non énergétiques. Il reste le premier secteur consommateur d'énergie de la Wallonie depuis la crise économique de 2008-2009 qui avait, en effet, modifié structurellement la répartition de la consommation entre secteurs.

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Figure 1 - Evolution de la répartition de la consommation finale totale de la Wallonie par secteur d'activité


Le logement représente deux tiers la consommation du secteur domestique

La consommation du domestique est en hausse de 0,3 TWh par rapport à 1990 (+0,7 %), mais en baisse de 33% (-11,4 TWh) par rapport à 2010, année de son maximum de consommation.  En 2022, dans le secteur domestique, le logement représente 66,2% de la consommation avec 28,1 TWh, en baisse malgré l'augmentation du parc de logement, suivi du secteur tertiaire, en baisse à 13,0 TWh, qui représente 30,5% de la consommation. Le solde (3,3%) est attribué à l'agriculture avec une consommation de 1,4 TWh.

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Figure 2 - Evolution de la consommation d'énergie du secteur domestique et équivalents par branche d'activité


L'électricité compte désormais pour presque 30% de la consommation finale du logement

Dans le secteur domestique et équivalents, la consommation d'électricité connaît la croissance la plus importante avec une augmentation de 58% de 1990 à 2022, avec son maximum atteint en 2021. L'électricité, avec 12,5 TWh en 2022, atteint 29,4% de la consommation totale d'énergie du secteur, contre 19 % en 1990, et 24 % en 2010. 

La consommation de combustibles (essentiellement pour le chauffage) baisse de 12,6% par rapport à 1990 dont la diminution de 12% entre 2021 et 2022 est imputable d'une part à la chute importante des degrés-jours et donc des besoins de chauffage et aussi au prix élevé du mazout de chauffage.

Au total, le secteur aura consommé 10,6% de moins en 2022 qu'en 2021, 0,7% de plus qu'en 1990, et 15,4% de moins qu'en 2005.

Image5 Figure 3 - Evolution de la consommation du secteur domestique et équivalents par vecteur énergétique (hors usages non énergétiques)

La baisse de la consommation de mazout entre 2020 et 2021 est due à un saut statistique lié au changement de méthode de calcul de la consommation régionale du mazout résidentiel. La baisse constatée en 2022 est liée à la diminution des besoins de chauffage et au prix élevé du combustible.

La consommation de combustibles dans le résidentiel est influencée par l'effet de stockage. La consommation de gaz est mesurée précisément via les compteurs. Il s'agit bien de la consommation énergétique réelle, il n'y a pas d'effet de stockage. L'effet prix est tardif car c'est lors du relevé de compteur que la facture se calcule, après la consommation. La consommation du mazout représente, en réalité, les quantités de mazout livrées dans les citernes. La facture du mazout se paie à la livraison, avant la consommation.  Le prix du mazout a pour effet de favoriser le stockage lorsque les prix sont faibles ou à l'inverse, les années de prix élevé, de ne faire livrer que des quantités minimales et donc induire une baisse de livraison.

Ci-dessous, l'illustration de l'évolution des prix du mazout (gasoil domestique) et du propane. Le prix du mazout, après deux années plus chères (2018-2019 autour de 70 c€/litre) a baissé de 24% en 2020 pour atteindre environ 50 c€/litre ; remontait à environ 65 c€/litre en 2021 avant d'atteindre un record de 120 c€/litre en 2022.

Image6 Figure 4 - Evolution des prix annuels moyens des principaux combustibles pétroliers

Source : Statbel (Prix maxima (livraison > 2000 litres) TVAC gasoil de chauffage 50S et du propane en vrac)


La consommation finale de l'industrie poursuit sa diminution

La consommation finale totale d'énergie de l'industrie wallonne est descendue à 41,6 TWh en 2022. Cela représente une variation négative par rapport à l'année précédente de 6 %, une baisse de 20,1% par rapport à l'année 2010 et une baisse de 45,2% par rapport à l'année 1990.

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Figure 1 - Evolution de la consommation finale totale de l'industrie

En découpage par vecteurs énergétiques, l'industrie wallonne consomme principalement du gaz (40% de sa consommation finale totale) et de l'électricité (23%). Les autres énergies telles que la chaleur/vapeur cogénérée, des énergies renouvelables comme le bois et des déchets comptent pour 20%, les produits pétroliers 10% et enfin les combustibles solides pour 7%.

Suivant la chute de consommation de la sidérurgie due à l'arrêt successif de la totalité des hauts-fourneaux, la consommation de combustibles solides (tels que le charbon et ses dérivés) a baissé de 90% de 1990 à 2022.  Quant à la consommation de produits pétroliers, elle a baissé de 74% sur la même période. la consommation des autres énergies (chaleur/vapeur cogénérée, énergies renouvelables, déchets) progressait par contre de 36%, celle de gaz naturel augmentant de 11,8%.  La consommation d'électricité a diminué de 1% durant la même période.

Si on analyse plus en détails l'évolution 2021-2022 des différentes branches d'activité industrielles, on observe une augmentation des consommations seulement pour le secteur Alimentation (+18,6%), tous les autres secteurs affichent une diminution de la consommation.

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Figure 3 - Évolutions des consommations sous-sectorielles de l'industrie wallonne

Au niveau des parts des sous-secteurs dans le total de l'industrie secteur, le secteur des Minéraux non métalliques est le premier sous-secteur avec 30,7% de la consommation de l'industrie, suivi par la Chimie (23,6%) et l'alimentation (15,5%).

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La consommation finale du transport reste inchangée en 2022

Le bilan du transport de la région wallonne décrit les consommations des principaux modes de transport : le transport routier, le transport ferroviaire (y compris le métro de Charleroi), le transport aérien (y compris les consommations aériennes de l'armée), le transport par voie navigable et le transport par conduite.

La consommation totale des transports en Wallonie tous modes confondus a atteint 38,0 TWh en 2022. Si la valeur absolue reste pratiquement inchangée par rapport à 2021, la répartition entre transport de voyageurs et de marchandises est bien différente : en 2022 c'est le transport voyageur qui compte pour 52% de la consommation alors que 48% a été dévoué au transport de marchandises.

Le transport routier, avec 28,8 TWh, est le premier mode de transport en termes de consommation et compte pour trois quarts de la consommation totale du transport. Il est suivi par le transport aérien (8,6 TWh), le transport ferroviaire (0,5 TWh) et le transport par voie navigable (0,1 TWh). Le transport par conduite compte pour seulement 0.01 TWh.

Le combustible le plus consommé a été le gasoil qui avec 19,0 TWh a représenté 50% de la consommation totale des transports. Le diagramme des flux ci-dessous montre la répartition de la consommation par vecteur, par mode et par usage.

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Figure 1 - Répartition 2022 de la consommation d'énergie des transports en Wallonie par mode, type de transport et vecteur énergétique, en GWh

L'évolution de la consommation des transports wallons dans le temps nous montre une hausse quasi constante entre 1990 et 2004 pour se stabiliser depuis sur un niveau compris entre 35 et 40 TWh par an. L'année 2022 a vu la consommation des transports se stabiliser au niveau atteint en 2021 lors du rebond post-Covid.

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Figure 2 - Evolution de la consommation énergétique totale des transports en Wallonie, TWh

Le transport routier a connu une légère baisse en 2022, principalement liée à une baisse de consommation de diesel. L'aérien montre quant à lui une hausse liée exclusivement au transport de voyageurs. En effet la consommation pour le transport de marchandises a connu en 2022 une première diminution, depuis dix ans de croissance ininterrompue. 

En 2022, le transport routier représente 75 % des consommations énergétiques des transports, en baisse par rapport à la part obtenue depuis 2010 (85%).  La part du transport aérien qui n'était que de 2,4 % en 1990 est de 22.5 % en 2022.  Inversement, la part du transport ferroviaire qui était de 2,9 % en 1990 n'est plus que de 1,4 % en 2022. 

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Figure 3 - Evolution de la consommation énergétique des transports par mode en Wallonie