2009, chronique d'une année calamiteuse
Les effets de la crise économique de l'année 2009 se sont fait sentir avec une acuité sans précédent dans les consommations du secteur industriel. L'activité et les consommations y ont littéralement plongé comme jamais auparavant. La consommation énergétique est passée de 65 TWh à 43 TWh (-22 TWh) en l'espace d'un an soit une chute vertigineuse de 33% (voir Figure 1).
Jamais depuis 1985 la consommation d'énergie de l'industrie wallonne n'avait connu une variation d'une telle amplitude. La dernière baisse importante datait de la crise économique de 1993 (avec une diminution de consommation de 7.6 TWh).
Figure 1 : Evolution de la consommation finale de l'industrie
Mais les évolutions sont encore plus dramatiques dans certains secteurs comme la sidérurgie. Dans ce cas, la production de fonte (grande consommatrice d'énergie) a chuté de 90%, elle est passée de 3 290 000 tonnes en 2008 à 337 000 tonnes en 2009 !! Des trois hauts-fourneaux encore présents sur le sol wallon, un seul, à Liège, a quelque peu produit. La production d'acier dit électrique (c'est-à-dire produit à partir de fours électriques) s'est un peu mieux tenue. Mais elle a quand même baissé de 25% en 2009 pour atteindre 1.86 millions de tonnes. La consommation de l'ensemble des activités sidérurgiques wallonnes a chuté de 70% à 6.9 TWh (à comparer aux 23.5 TWh de 2008 et aux 35.5 TWh de 1990)
Les autres secteurs industriels, s'ils ont aussi été touchés par la crise, ont globalement mieux résisté. La chimie a connu une baisse de consommation de 14% et les minéraux non métalliques (ciment, chaux, verres) de 17%. L'alimentation, est le seul secteur industriel dont la consommation a crû en 2009. Elle est passée de 4 à 4.1 TWh soit une hausse de 4%, suffisamment exceptionnelle en ces temps de crise que pour être soulignée.
De ce fait, c'est l'ensemble de la hiérarchie des consommations industrielles qui s'en trouve bouleversée. La sidérurgie qui engloutissait à elle seule près de la moitié des consommations industrielles au début des années nonante se retrouve en 2009 à la troisième place avec un ‘petit' 16% du total (cfr Figure 2). Et c'est maintenant le secteur des minéraux non métalliques qui s'est hissé en tête du classement avec un peu plus du tiers des consommations (36%). La chimie arrive en deuxième position avec 20% du total industriel.
Figure 2 : Evolution de la consommation finale d'énergie dans l'industrie par branche d'activité (y compris les usages non énergétiques)
Des consommations finales en forte chute
Suite à la brutalité de ces évolutions, le paysage énergétique wallon se rapproche de plus en plus de la moyenne européenne alors que jusqu'en 2008, il dénotait par le poids considérable de son secteur industriel (près de la moitié du total). En 2009, la consommation finale de l'industrie atteint 34% du total wallon. A contrario, la part du transport, qui était de 19 % en 1990 (et de 15 % en 1985), atteint 29 % en 2009.
Ces évolutions impressionnantes ont bien sûr eu des répercussions considérables sur le bilan énergétique global de la Wallonie de 2009. La consommation énergétique est descendue jusqu'à 127 TWh (contre 151 TWh en 2008, soit une chute de 33%), un plancher jamais atteint depuis que des statistiques énergétiques wallonnes sont élaborées (c'est-à-dire depuis 1985).
Le seul secteur qui continue à croître est celui des transports (+1.7%), essentiellement à cause d'un nouveau bond du transport aérien (+12%) et dans une moindre mesure d'une augmentation du transport routier (+1.2%).
La baisse des consommations du logement (-9%) s'explique, quant à elles, par un phénomène de déstockage de mazout de chauffage. Avec des climats très semblables en 2008 et 2009, on aurait pu s'attendre à des évolutions peu marquées. Mais les particuliers qui avaient fait le plein à la fin de l'année 2008 à la faveur de prix très attractifs (le baril de pétrole est passé de 147 $ en juillet 2008 à 34 $ en décembre 2008) ont eu tendance à repousser le remplissage de leur cuve en 2009.
Figure 3 : Evolution de la consommation finale par secteur