En 2006, la Wallonie lance un appel à projets à destination des pouvoirs locaux pour la promotion de la construction de bâtiments à faible consommation d'énergie, accessibles pour tous et de qualité. Le bâtiment abritant les services communaux étant vétuste et exigu, la commune de Villers-le-Bouillet décide alors de se lancer dans l'aventure.
Villers-le-Bouillet est une commune d'environ 6 300 habitants. Elle est située entre Namur et Liège, en plein cœur de la Hesbaye wallonne.
Dès le départ du projet, le bureau d'architecture Henri Garcia et l'administration communale conçoivent un bâtiment devant répondre au standard passif. D'une superficie de 1 350 m² répartie sur 2 étages et des combles, l'espace doit pouvoir s'adapter à l'évolution de la vie de la commune.
Comme dans tout bâtiment voulant répondre au standard passif, les techniques sont optimisées. A Villers-le-Bouillet, on retrouve, entre-autres, production d'eau chaude sanitaire via un chauffe-eau solaire, appoint de chaleur et de froid par pompe à chaleur réversible et free-cooling, débit de ventilation piloté par des sondes de mesures CO 2 , toitures vertes, optimisation de la lumière naturelle, ...
La structure, quant à elle, résulte du mariage de deux techniques : des voiles de béton pour les pignons extérieurs et une ossature bois PEFC pour les façades. L'isolation des murs est réalisée par projection de béton chaux-chanvre, matériau innovant à bien des égards. Explications.
Technique de mise en oeuvre
L'isolation des murs a été réalisée par gunitage (projection) de béton chaux-chanvre par l'extérieur. Sur l'ossature bois, il a préalablement été nécessaire de tendre des canisses (fines lattes ou roseau fendu) afin de pouvoir fixer le béton de chaux-chanvre.
L'épaisseur projetée varie de 40 cm sur les voiles en béton à 60 cm sur l'ossature bois. Les différents éléments structurants ont été enfouis sous le béton de chaux-chanvre, ce qui permet la continuité de l'isolant sur la périphérie du bâtiment et réduit considérablement les nœuds constructifs (mono-mur). Afin de minimiser ces derniers, le béton de chaux-chanvre a été projeté après la pose des ouvertures.
La finition des murs, tant intérieure qu'extérieure, a été obtenue par un enduit à base de chaux. Vu la très bonne perméabilité à la vapeur d'eau du béton chaux-chanvre, il n'a pas été nécessaire de prévoir un pare-vapeur, ce qui représente une économie financière non négligeable.
Environnement
Chanvre :
• Production agricole sans phytosanitaire
• Plante à croissance rapide
• Absorbe plus de dioxyde de carbone (CO 2 ) que ne nécessite sa transformation
• Absence de Composés Organiques Volatils (COV) ou de tout élément toxique connu
Lors de la prise de la chaux s'effectue une réaction appelée carbonatation durant laquelle du CO 2 est absorbé.
Avantages du matériau
Le béton de chanvre est un matériau poreux obtenu en mélangeant un liant à base de chaux, des fibres de chanvre (chènevotte) et de l'eau. Grâce à la présence de ces nombreux pores, ce matériau permet un amortissement de la température et un déphasage important, alors que sa masse volumique n'est que d'environ 400 kg/m³.
Considéré comme un isolant structurel, le béton chaux chanvre possède une conductivité thermique ? = 0.072 W/m.K. À titre comparatif, celui d'un bloc de béton cellulaire est 0,14 W/m.K et un isolant classique de l'ordre de 0.035 W/mK.
Une étude de doctorat (France) a permis de démontrer que le comportement hygrothermique des parois en béton de chanvre permet une réduction de 12 % de la consommation électrique des ventilateurs si ces derniers sont commandés par une sonde hygrométrique.
Une autre étude française a mis en évidence des propriétés acoustiques particulièrement positives.
Economie
- 90 % d'économie d'énergie par rapport à l'ancien bâtiment
- Montant total réel : 4 600 460 € TVAC
- Subsides : 2 149 560 €
- La différence de coût entre un bâtiment passif et traditionnel, estimée à environ 15%, sera amortie en 15 ans.