Au vu de la quantité d'informations dans les médias sur la production d'électricité, vous vous posez certainement trois questions : finalement,
• produit-on assez d'électricité?
• comment la produit-on?
• est-ce différent des années précédentes?
Depuis 1990, nous n'avons jamais produit aussi peu d'électricité qu'en 2014. Nous en produisons même un peu moins qu'en 1990. Ainsi, sur ces 14 années, nous avons produit annuellement de l'ordre de 30 TWh avec un maximum de 35,4 TWh en 2010 et un minimum de 27,9 TWh en ... 2014.
Pourtant nous en produisons plus que nécessaire! Et cela a toujours été le cas depuis 1990.
La Wallonie est en effet ce qu'on appelle une exportatrice nette d'électricité c'est-à-dire qu'elle produit de l'électricité qui est utilisée par les autres régions et par les pays limitrophes.
Ainsi en 2014, nous avons consommé 24,2 TWh (en ce compris les pertes du réseau)[1] et nous avons mis 3,7 TWh (le solde exportateur) à la disposition des autres régions. Ce solde diminue cependant depuis 2010.
Cette approche du point de vue wallon peut sembler réductrice car les électrons n'ont pas de frontière. L'équilibre entre production et consommation devrait être analysé au niveau belge, voire européen.
Notre électricité est produite par huit types différents de « centrales », les différences étant liées à la source énergétique utilisée. Certaines sources étaient d'ailleurs quasiment inexistantes avant 1995.
On ne présente plus les centrales nucléaires. Leur production a passé la barre des 20 TWh à la fin des années 80 et elle a oscillé entre 20 et 25 TWh jusqu'en 2010. Depuis, cette production diminue suite aux problèmes techniques de l'unité de Tihange 2. Elle vient de repasser sous la barre des 20 TWh.
Les centrales thermiques dites classiques sont celles qui utilisaient initialement du charbon ou des produits pétroliers. On voit que leur production est en diminution constante depuis 1980.
En effet, elles ont été fermées les unes après les autres. En 2014, il ne subsiste qu'une centrale « classique » qui a été convertie au bois.
Les centrales TGV[1], dont le combustible est le gaz, produisent de l'ordre de 5 TWh depuis 2005 sans atteindre leur potentiel réel et ce, malgré (ou à cause de) leur grande flexibilité qui en font le complément idéal aux énergies renouvelables et le back up nécessaire aux centrales nucléaires.
Les centrales de cogénération[2] ont, quant à elles, presque doublé leur production entre 1990 et 2014.
Les centrales hydrauliques à accumulation par pompage ont un statut particulier. En effet, bien que fonctionnant avec l'eau, elles ne sont pas considérées, contrairement aux centrales hydrauliques au fil de l'eau, comme sources d'énergie renouvelable car elles ne participent pas réellement à la production. Elles consomment de l'électricité pour pomper l'eau vers le réservoir supérieur et elles produisent de l'électricité (mais moins que ce qu'elles consomment) à un moment plus judicieux, en renvoyant l'eau dans le réservoir inférieur (turbinage).
Elles servent à équilibrer une partie des décalages entre production et consommation d'électricité. Ou autrement dit, elles permettent, en quelque sorte, de « stocker » l'électricité.
Viennent enfin les trois productions renouvelables : éolien, solaire photovoltaïque (PV) et hydraulique au fil de l'eau.
L'hydraulique au fil de l'eau est historique et la majeure partie des points intéressants ont déjà été équipés, nos moulins à eau en sont la preuve. Le parc est assez constant et sa production dépend principalement des variations du niveau/débit des cours d'eau, trop ou trop peu d'eau entraînant de la même manière l'arrêt des turbines.
Le solaire PV et l'éolien font maintenant partie de notre paysage et nous assistons à un accroissement de type exponentiel de leur production. Le solaire PV prend le pas sur l'hydraulique au fil de l'eau et l'éolien dépasse l'hydraulique à accumulation par pompage.
Ces variations importantes dans le parc wallon de centrales de production électrique a conduit à une inversion du paysage de la production. Les sources renouvelables participent à 10,6% de la production globale et produisent donc plus que les centrales thermiques classiques qui participent à notre production à hauteur de 0,4% et que les cogénérations qui atteignent 7,5%.
Rédiger une fiche récapitulative oblige à simplifier l'analyse et les explications des phénomènes alors même que l'évolution des productions et consommations énergétiques d'une région dépend de nombreux facteurs interdépendants ou non.
Si vous désirez avoir un aperçu rapide du bilan énergétique de la Wallonie en 2014, consultez les autres fiches récapitulatives.
Si vous souhaitez entrer en détail dans les données et leur analyse, nous vous conseillons de lire le rapport complet.
[1] Un réseau électrique est un peu comme un réseau de distribution d'eau, il subit des pertes (fuites) pendant le transport de l'électricité de la production vers le consommateur final
[2] TGV = Turbine Gaz Vapeur
[3] La cogénération est la production simultanée de chaleur et d'électricité.